- Louise Renard
Katimini - Les Riches-Claires [théâtre]
Du 10 au 26 novembre 2021 se joue aux Riches-Claire, l’OVNI Katimini, mis en scène et co-écrit par Antoine Minne, interprété et co-écrit par Alice Borgers, Amélia Colonnello, Amber Kemp et Marie van Puyvelde. OVNI car bien difficile serait de définir le genre de ce spectacle tout à fait étonnant et probablement difficilement comparable avec quoi que ce soit que vous verrez cette année.
Alors qu’on entre dans la petite salle des Riches-Claires, la scène nous est cachée par un grand rideau pailleté. Une fois tout le monde installé et le petit speech d’accueil effectué, les quatre filles débaroulent dans la salle et donnent immédiatement le ton du spectacle. Ancrées dans le sol avec leurs grosses baskets et leurs looks insensés, elles installent directement une complicité entre elles - et avec nous. Les regards qui sont portés aux spectateurs sont directs et le rythme de leurs dialogues, quoi que effréné est efficace. Quelque soit l'objet scénique qu'on nous offre : on y croit.

Le texte - quoique dense, drôle et rythmé - est sans nul doute chaotique ; et à mes yeux, assez inégal. Certains dialogues semblent se dérouler en temps réel, d’autres sont des anecdotes passées et racontées en tant que telles : pas simple de trouver un fil rouge si ce n’est celui du flot de paroles inarrêtable de quatre nanas bien barrées. Cependant, quand je parle d’inégal ce n’est pas à cause des différences de formes de narration, mais bien dans les sujets abordés. San réellement savoir expliquer pourquoi, l’anecdote menée principalement par Amber Kemp m’a littéralement fait pleurer de rire comme cela m’est rarement arrivé au théâtre, autant l’histoire lancée par Amélia Colonnello m’a mise extrêmement mal à l’aise.
[TW harcèlement sexuel :] En effet, l’histoire dépictée est celle d’une soirée arrosée très étrange qui a son mérite probablement à être racontée, d’autant plus que d’après le descriptif du spectacle, elle est vraie. Mais le texte et le jeu tentent – à mon sentiment assez maladroitement – de faire une caricature humoristique d’un comportement qui m’a littéralement donné la nausée. J’ai vu des sujets certes plus difficiles abordés au théâtre et parfois même avec humour, mais ici cela m’a physiquement affectée dans la brutalité et l’animalité du mime et de l’interprétation. Et ici, le fait d’entendre le public rire à un comportement qui est pour moi horrifiant et dramatique, m’a mise très mal à l’aise. [Fin du TW]

Cette note faite, je pense qu’on n’est pas forcément aussi affecté que moi par la thématique et devant la performance exceptionnelle de ce quatuor d’actrices, cela vaut largement la peine de surmonter cette potentielle réticence. Elles ont une virtuosité rythmique, un tac au tac qu’elles tiennent sur toute la longueur du spectacle au point qu’on finirait presque essoufflé.e.s pour elles. Et que l’anecdote soit palpitante ou le soit moins, elles parviennent à nous tenir en haleine du début à la fin. Une grande performance pour ces actrices qui jouent pourtant avec des codes (entre autre du « sketch ») qui pourraient très bien avoir eu l’air vieilli ou rebattu. Mais ces codes semblent, entre leurs mains, avoir gardé toute leur fraîcheur.
Pour toutes ces raisons, je vous conseille d’aller voir ce spectacle car étant donné le travail effectué et le résultat virtuose obtenu, cette équipe mérite des salles bien remplies !
-
Plus d'informations sur : Katimini | lesrichesclaires