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  • Louise Renard

Poquelin II, TG STAN - Les Tanneurs [théâtre]

Er bestaat één Nederlandse vertaaling van deze tektst, zie onder dit artikel.


Quand on apprend que les Tanneurs montrent Poquelin II en français, c’est Noël en avance. En effet, le spectacle de TG STAN constitué de L’Avare et du Bourgeois Gentilhomme de Molière fait ses débuts en français sur le sol belge du 21 au 24 octobre. Avec Jolente De Keersmaeker, Damiaan De Schrijver, Els Dottermans, Bert Haelvoet, Willy Thomas, Stijn Van Opstal, Frank Vercruyssen.

Arrivées bien en avance pour être sûres d’être bien placées, 30 minutes avant le début du spectacle (à l’ouverture des portes), nous nous retrouvons catapultée sur deux places sur la scène, à quelques pas seulement du plateau rectangulaire en avant-scène, mais aussi de Damiaan De Schrijver et de Willy Thomas, qui nous attendent déjà, assis, installés. On entre dans leur royaume. Les sacs bien fourrés sous nos chaises car le petit escalier qui monte sur les tréteaux est à moins d’un mètre de nos pieds, on sent qu’il va être difficile d’être davantage inclus dans le spectacle. Mais que rêver de mieux pour une pièce de STAN ?



Et quelle joie pure lorsque ces monstres sacrés du théâtre belge se mettent en branle. Je dirais bien ce mettre en jeu, mais ils étaient déjà en jeu lorsque nous sommes entrés, ou plutôt ne se mettent ils jamais tout à fait en jeu ? La frontière entre les personnages et les acteurs est délicieusement fine. Et pas seulement, la frontière entre acteurs et public – malgré les masques qui cachent nos sourires éclatants et nos rires à gorge déployée – est, elle aussi, pour ainsi dire inexistante ! Les sourires complices de Jolente De Keersmaeker et Els Dottermans, les excuses de Sijn Van Opstal quand il enjambe nos pieds. Et même un coup de fleuret un peu sauvage en ma direction qui a vu Damiaan De Schrijver et Frank Vercruyssen se confondre en excuses pour ensuite faire remarquer qu’ils avaient déchirés mon jeans – déjà déchiré de base mais cela Damiaan De Schrijver n’avait pas l’air de vouloir l’accepter.

Qu’il est bon en ces temps où l’on se sent isolés de tout de se sentir inclus dans un rire commun. Le spectacle est irrévérent et sans préciosité, la langue de Molière est dévorée gloutonnement par leurs accents respectifs. On bafouille ? Et alors ! Butons, râlons, rions-en et recommençons ! Les larmes de rire roulent sur nos joues alors que Damiaan De Schrijver peine à faire passer les mots « Tarte Tatin » (et cela sans y rajouter le "turc" qui est parlé durant Le Bourgeois Gentilhomme). Les rôles se dédoublent, ils n’ont n’y sexe ni âge et pourtant on suit parfaitement : une veste suffit à différencier Marianne d’Elise, ou Dorante du Maître à danser.


Tout est plein de cette folie douce. Les costumes semblent rafistolés de coup scotch de déménagement, on n’est pas sûr si le sweat de Cléante est déchiré par manque de fortune ou si c’est le dernier sweat à la mode ni pourquoi Frank Vercruyssen a une telle prestance dans ses tenues noires composées de t-shirt de rock/métal cousus ensemble. Le décor est fait d’un plateau sur tréteaux sans fioritures – les acteurs se plaignent même des petits escaliers et trébuchent sur les coins de plateaux. Et si tout peut sembler parfois maladroit, puis confus, avec des rires et des complicités d’acteurs, des échecs et des reprises, on sent que ce n’est possible que par l’immense maîtrise de ce groupe d’acteurs de talent.

Enfin, je ne peux pas finir cet article sans faire une mention spéciale à la cérémonie turque qui, bien loin du ballet de Lully, est peut-être la quintessence de STAN : un désordre contrôlé, catastrophique et magnifique, joyeux, entraînant et ridicule dans le meilleur sens du terme.

Est-ce égoïste de rêver d’un Poquelin III ?


Louise Renard

© Photos de Kurt Van der Elst

Plus d'informations sur le site des Tanneurs.


Nerlandse vertaaling :

POQUELIN II
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