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  • Louise Renard

Régis, Riches-Claires [théâtre]

Régis, un O.T.N.I – objet théâtral non identifié – du Canine Collectif qui prend place aux Riches-Claires du 9 au 25 octobre. Onze inconnus entrent chez un jeune homme prénommé Régis et décident de venir vivre chez lui.


Dès le début du spectacle, la frontière entre fiction et réalité est très intelligemment troublée. D’une part, on voit l’installation du personnage solitaire que l’on devine être Régis dans une structure cubique qui représente sommairement un studio, d’autre part, un des membres du collectif vient nous annoncer l’expérience qui s’est déroulée dans l’objectif de créer ce spectacle : tout le collectif s’est rendu pour une durée indéfinie chez un inconnu vivant seul. Il précise aussi que pour des raisons pratiques, c’est l’une des membres du groupe qui jouera Régis. Et dès l’instant suivant, on plonge dans la mise en abîme du moment précédent l’entrée chez Régis. Telle une équipe prête à effectuer un casse ou une quelconque mission, ils s’organisent, envisagent différentes situations,... Difficile de ne pas se sentir immédiatement embarqué dans ce défi complètement fou qu’ils se sont lancé.

Ensuite, c’est l’entrée dans la bulle de Régis. Entrée à la fois d’une vérité et d’une simplicité – par rapport à la complexité que l’on associe avec le fait de rencontrer un inconnu – mais aussi d’une grande intrusion dans l’intime de ce personnage qui semble infiniment limpide en comparaison à ce collectif artistique, qui parle et conceptualise bien plus. Mais c’est ce qui est infiniment juste dans ce spectacle, c’est qu’il y a autant d’humour qu’il y a de tendresse, autant de naïveté qu’il y a de réflexion, autant de force qu’il y a de poésie. Un merveilleux équilibre qui donne à ce spectacle une réelle justesse d’un point de vue sociologique sans être moralisateur, que ce soit sur la solitude ou sur les énergies de groupe.


Les comédiens sont virtuoses car ils installent énormément d’images fortes – comédie musicale américaine, clip coréen, rave-party, etc. – mais aussi des émotions puissantes qui montent très rapidement – des pleurs après une insulte, de la rage après une intrusion, de la complicité après une réconciliation. Et cela a pour résultat qu’en une heure, on a sincèrement le sentiment d’avoir pu vivre toute une histoire même si celle-ci se conclut par quelque chose de plus abstrait ; qui n’est pas pour autant moins intéressant. En effet, les différents tableaux qui se mettent en place sont très efficaces même lorsque la référence ou le sens n’est pas tout à fait limpide.

Ce spectacle m’a donné le sentiment d’avoir comme reçu un cadeau. Quelque chose qui me fait plaisir, qui fait vivre un réel moment de joie sans forcément venir me bouleverser dans un sentiment trop profond ou trop inquiétant. Le danger est présent dans le spectacle – il est malgré tout question d’intrusion dans la vie intime – mais ce danger est dosé de telle manière à ce que les moments de tendresse prennent le dessus, d'après le ressenti que j'en ai eu. Je suis sortie de cette salle avec le sourire aux lèvres d’avoir été témoin et même contaminée par cette énergie toute particulière que je trouve très contagieuse qui est celle du collectif. Je pense d’ailleurs que ce collectif-ci en particulier est à suivre de très, très près.


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Par le Canine Collectif

De et Avec : Violette De Leu, Louise Jacob, Leone François, Colin Javaux, Colline Libon, David Nobrega, Mélissa Roussaux, Caroline Taillet, Benjamin Torrini, Camille Voglaire et Émilien Vekemans


(c) Photos de Bartolomeo La Punzina

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