- Louise Renard
Sexplay, nos panthères nos joyaux - Riches-Claire [théâtre]
Du 14 au 30 octobre, Camille Husson présente Sexplay nos panthères nos joyaux aux Riches-Claires. Dans ce seul en scène autofictionnel, elle nous raconte diverses expériences formatrices et questionnements face à sa sexualité. Héritière de Despentes et de King Kong Théorie, l’autrice-actrice porte ce projet, se dévoilant, virtuose dans son exécution.
Alors que l’annonce de début de spectacle est faite, avant-même que les lumières se baisse, Camille Husson apparaît dans le fond de la scène. Un regard, un sourire avant que le noir ne se fasse. Un plateau presque vide, avec dans le fond un X formée de plusieurs néons, sera tantôt une forêt, un grenier, une plage, au fil des souvenirs de la narratrice. On traverse les âges, de l’enfance à l’adolescence, en passant par l’âge adulte. Du club libertin berlinois à la fête de village, de la première expérience à l’agression sexuelle, Camille nous emmène à la découverte du fantasme mais aussi de la dure réalité.
La virtuosité de la comédienne fait en grande partie la qualité du spectacle, elle happe notre écoute dès ses premiers mots et la tient jusqu’à la dernière seconde de la pièce. Le texte est ciselé, rythmique, intelligent et intelligible. Difficile cependant, de décrypter à qui elle s’adresse. Le spectacle manque peut-être d’un point de vue clair ? Ou d’une adresse ? Tout en ayant le sentiment de pouvoir faire des liens entre des expériences personnelles et celles de Camille, j’ai le sentiment de rester très extérieure à cette histoire. Comme si je ne me sentais pas concernée. Ou peut-être déjà trop concernée, comme si on me disait quelque chose et que ma réponse intérieure était : « Je sais. »
L’humour a une part importante aussi dans ce spectacle, et amène beaucoup de tendresse a des moments où cette tendresse est salvatrice pour créer un lien entre l’actrice et le public. Mais qu’est-ce qui est drôle et qu’est-ce qui fait rire par malaise ? Nombreux sont les termes simplement sexuels qui tirent des rires au public. Est-ce la dissonance de les entendre dits à haute-voix ? L’incongruité dans un contexte théâtral ? Avaient-ils pour but de tirer ces rires ? En tous les cas, la nécessité de banaliser ces termes est claire lorsqu’on voit la gêne qu’ils provoquent chez les spectateurs.
Lorsqu’un récit parle d’intimité, il est évident que l’identité du spectateur va jouer sur sa réception de la pièce. Et je crois que cette pièce en est la quintessence, mais je pense également qu’on peut l’apprécier d’un bord à l’autre du spectre de l’expérience sexuelle. On rira peut-être un peu moins dans un extrême que dans l’autre, on sera peut-être un peu moins pris au dépourvu, un peu moins surpris, dans un cas que dans l’autre mais on découvre en tous les cas une histoire personnelle, efficace et racontée avec beaucoup de sincérité.
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Plus d'informations sur le site des Riches-Claires.